Le chiffre 9 chez le Medumba

bwǝ’ǝ / veu’ǝ ( 9)

Et pourquoi pas 1 , 3 ou 7? Pourquoi 9 ?
Voici une question intéressante, en effet pourquoi nous intéressons-nous au chiffre 9?
Cet intérêt part d’un souci de reconnexion avec la culture africaine et Medumba plus précisément. Car dit-on, celui qui sait d’où il vient, ne se perd jamais en chemin.
Mathématiquement, Le 9 boucle la liste des chiffres; cette seule position le place déjà dans une posture qui nous prête à penser à la fin d’un cycle. Le 9 peut donc logiquement être associé à la boucle, la fin, et donc l’accomplissement.
En numérologie, il s’associe à l’idéal, la connaissance et l’ouverture d’esprit. Cette approche conduit à voir dans ce chiffre et ceux qui le portent( position de naissance par exemple), un héritage et de la créativité.
En Afrique en général et dans la sphère Medu- Nda Nda en particulier (voire ici un rapprochement entre notre culture avec nos origines ancestrales d’outre région africaine), le chiffre 9 est non seulement une QUANTITÉ, mais surtout une représentation symbolique absolument CAPITALE dans nos coutumes.
Le bwǝ’ǝ’ en medumba ou veu’ǝ’ en Nda-nda, représente :
  1. La stabilité, la suffisance : bwǝ’ǝ’ signifie littéralement Rester, expression qui s’apparente au Mbwǝ (case-réserve / lieu de concentration des énergies et de la force ).
  2. la fertilité/ la procréation : il faut 9 lunes pour qu’un enfant voit le jour. Dans le calcul lunaire on a 28 jours * 9 =271 jours; on peut encore les décomposer en 2+7+1= 1 c’est-à-dire le Ncǝ’ qui revient à l’entité unitaire, donc la boucle est accomplie et un autre cycle peut recommencer.
  3. L’équilibre du corps : Nous avons 9 orifices(entrées/sorties) sur l’organisme. Deux oreilles, deux yeux, deux narines, une bouche, un anus et un(e) verge / vagin. Ces ouvertures sont des portes d’entrée de tout ce qui influence nos esprits en bien ou en mal.
  4. Royauté :
    • Rite initiatique : la période d’initiation du chef est de neuf mois dans la case sacrée (là’ Kwa).
    • Le conseil de notables dont est entouré le chef est constitué de neuf personnes.
     5. Obsèques : la période de deuil après l’enterrement est sanctionnée par une neuvaine.
    • Les obsèques du roi durent 9 périodes.
    • Le veuvage dure lui aussi 9 périodes (ceci peut souvent varier selon les villages).
6. Maturité : dans notre culture, la maturité est atteinte après deux périodes de 9 ans c’est-à-dire à 18 ans.
7. il se raconte aussi qu’un animal (hibou/ chouette) très utilisé comme totem pour ses capacités d’observation nocturne et de restitution des informations à son maître a un nom similaire au neuf `bwǝ`.
Loin de vouloir tomber dans la superstition, il faut envisager cette analyse sur le plan de notre spiritualité qui se rapproche, se confond quelque part et parfois s’assimile à plusieurs autres dans le monde qui elles aussi, ont la même approche du chiffre 9. Ceci interroge les origines réelles des peuples que nous représentons aujourd’hui malgré la sphère géographique occupée.
La société admet pour « convention » que l’expression « le neuf » signifie le meilleur joueur (héritage du football certainement).
Quelle en est la finalité, direz-vous?
Le neuf est la conclusion de l’endurance (initiation du roi), le résultat de la résilience (maturation du fœtus), la fin d’un cycle entraînant le début d’un autre (veuvage, neuvaine).
Nos orifices ont toujours été traités traditionnellement avec une délicate attention; Ne crois pas tout ce que tu vois et ne laisse pas tes yeux se perdre dans l’envie, ne prends pas pour acquis tout ce que tu entends mais utilise ton ouïe pour écouter, affute tes narines pour reconnaître et distinguer la puanteur des odeurs suaves, ouvre la bouche pour t’exprimer mais ne te précipite pas à parler…
On peut en tirer autant de leçons que notre esprit nous dispose à comprendre. Ceci pour expliquer à nos descendants que la vie est un perpétuel renouvellement au cours duquel nous devons nous recréer à chaque fois, qu’il s’agisse des épreuves, des projets, de la vie en elle-même, il y a toujours un début, une évolution puis une fin.
La façon dont nous présentons ceci sera d’autant plus impactant que nous sommes à l’ère de l’impatience, et de la vitesse; les nouvelles générations semblent vivre en permanence sous le coup de divers facteurs d’anxiété qui les mettent aux prises avec la problématique du positionnement stratégique dans l’environnement qui est le leur.
                                 A vous les jeunes :
Retournez à vos sources, cherchez à comprendre comment les autres ont vécu et survécu, apprenez de vos valeurs culturelles et appuyez vous sur elles pour prendre votre envol!
Soyez nos 9 !!!

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